Depuis la nuit des temps, la lune est associée à la fertilité et au cycle féminin. Une croyance répandue veut que les accouchements soient plus nombreux les soirs de pleine lune. Mais ce lien entre notre satellite et les naissances relève-t-il du mythe ou de la réalité ? Découvrons ce que nous disent les traditions ancestrales et ce que révèle la science sur cette fascinante question.
La lune symbole de fertilité depuis la nuit des temps
Lune et fécondité un lien ancestral
Dans de nombreuses cultures à travers le monde, la lune est vénérée comme un astre influant sur la vie. Son cycle de croissance, décroissance et renaissance évoque celui de la fertilité. Ainsi, dans la mythologie mésopotamienne, la déesse Ishtar, fille du dieu lune, symbolise la pleine lune et la fécondité. Chez les Grecs, Artémis (ou Diane pour les Romains), déesse de la nature sauvage et de la naissance, est représentée avec un croissant de lune. Ces divinités lunaires régissent les cycles de fertilité féminine. D’ailleurs, le cycle menstruel de la femme, d’environ 28 jours, est étonnamment proche du cycle lunaire qui dure 29,5 jours.
Pleine lune et déclenchement de l’accouchement une idée répandue
L’idée selon laquelle la pleine lune favoriserait les accouchements est très ancrée dans l’imaginaire collectif. Certains y voient un lien avec l’influence avérée de la lune sur les marées. Notre satellite exerce en effet une force d’attraction sur les océans, en interaction avec le soleil et la rotation terrestre. Partant de ce constat, d’aucuns supposent que la lune pourrait aussi avoir un impact sur les « marées intérieures » du corps humain, comme le liquide amniotique dans lequel baigne le fœtus. La pleine lune déclencherait alors la naissance en provoquant la rupture de la poche des eaux. Une conviction profondément enracinée, qui perdure malgré l’absence de preuves scientifiques.
Les études scientifiques démontent le mythe
Aucune corrélation prouvée entre pleine lune et pic de naissances
Face à cette croyance tenace, les chercheurs ont voulu en avoir le cœur net. Plusieurs études ont analysé les données de milliers d’accouchements pour tenter de mettre en évidence un éventuel lien avec les phases de la lune. En 2005, des scientifiques américains ont passé au crible plus de 564 000 naissances survenues en Caroline du Nord entre 1997 et 2001, soit 62 cycles lunaires complets. Verdict : aucune différence significative dans la fréquence des accouchements, le mode d’accouchement ou les complications selon la phase lunaire. D’autres travaux menés en Allemagne, en Autriche ou en France sont parvenus aux mêmes conclusions : la pleine lune n’exerce aucune influence statistiquement décelable sur le nombre de naissances.
Pourquoi le mythe continue de circuler malgré tout ?
Malgré ces résultats sans appel, l’idée d’un lien entre pleine lune et accouchements a la vie dure. Plusieurs raisons peuvent expliquer la persistance de ce mythe. D’abord, un biais de confirmation inconscient pousse chacun à remarquer et retenir les faits qui vont dans le sens de ses convictions. Ainsi, une sage-femme persuadée que les naissances sont plus nombreuses les nuits de pleine lune aura tendance à s’en souvenir et à l’évoquer, oubliant les nuits calmes. De même, une femme enceinte convaincue d’accoucher sous la pleine lune pourrait inconsciemment déclencher le travail, par un mécanisme psychologique. Enfin, face à l’imprévisibilité de l’accouchement, il est rassurant de se raccrocher à des croyances pour tenter de maîtriser cet événement.
Mieux prédire sa date d’accouchement
Calculer sa DPA date prévue d’accouchement
Plutôt que de scruter les cycles lunaires, il existe une méthode simple et fiable pour estimer la date de son accouchement :
- Compter 41 semaines après la date des dernières règles
- Faire confirmer par le gynécologue ou la sage-femme
- Affiner avec la mesure du fœtus à l’échographie du 1er trimestre
Les vrais facteurs de déclenchement du travail
Si la pleine lune n’y est pour rien, quels sont les véritables éléments qui enclenchent le processus de l’accouchement ? Les principaux facteurs reconnus sont :
- La maturation du col de l’utérus qui s’amincit et se ramollit
- La sécrétion d’hormones spécifiques comme les prostaglandines
- La stimulation des contractions par l’ocytocine
- La pression exercée par le bébé sur le bassin maternel
La lune une influence sur d’autres aspects
Lune et cycles menstruel et circadien
Si le lien avec les accouchements n’est pas avéré, la lune pourrait néanmoins avoir une influence subtile sur d’autres cycles féminins. Certaines études suggèrent une possible synchronisation entre les cycles menstruels de certaines femmes et le cycle lunaire, sans que cela soit systématique. Par ailleurs, la lumière lunaire, surtout lors de la pleine lune, semble avoir un léger impact sur notre horloge biologique et notre sommeil. Des effets à confirmer, qui montrent que les interactions entre la lune et le corps humain sont complexes et encore mystérieuses.
L’effet de la lune dans la nature
Dans le monde animal et végétal, l’influence de la lune est en revanche bien documentée. Certaines espèces marines, comme les palourdes, calent leurs cycles de reproduction sur les phases lunaires. En agriculture biologique, les rythmes de semis et de récolte tiennent compte des lunaisons pour optimiser les rendements. Autant de pistes fascinantes qui prouvent que la lune, sans gouverner nos accouchements, reste un astre intimement lié aux cycles du vivant.
En définitive, s’il est tentant de vouloir prédire le jour J en guettant la pleine lune, mieux vaut s’en remettre au calcul de la date prévue d’accouchement et au suivi médical pour se préparer à la naissance de bébé. Et continuer à rêver en contemplant la lune, cette compagne bienveillante de l’humanité depuis la nuit des temps.